Road trip en Grèce, de plages en plages


"Aaaaah! Ça y est nous y sommes!" Après la rapide traversée de l’Europe centrale, nous avions hâte d’être en Grèce 😁 En passant par la frontière avec la république de Macédoine nous sommes par conséquent arrivés au nord de la Grèce, dans la région appelée macédoine grecque, avec revendication. Nous avons vite compris que l’usage de ce nom par le pays voisin, est un sujet quelque peu tendu. Les banderoles sur le territoire grec affichant « La macédoine, c’est ici » laissant peu de place au doute. Nos premiers instants en Grèce sont à la fois proches et loin de l’idée que l’on se faisait du pays. Par ici, pas de ruines antiques, pas de touristes -ça marche ensemble- mais plutôt de nombreux bâtiments en béton laissés à l’abandon, un ciel menaçant et une ambiance morose en cette fin d’après-midi. Nous trouverons une rivière aux abords accessibles, c’est ici que notre journée de route s’arrêtera. Peu après, un troupeau de chèvres nous rend visite, les yeux aux pupilles rectangulaires nous fixent, le peu d’herbe sèche qui reste est mâchouillé consciencieusement par les biques, le berger, plus tout jeune, tout sourire suit tout ce petit monde. L’homme nous demande d’où nous venons, "Franca", nous n’avons aucune idée si c’est ainsi que l’on dit, mais ça marche, son sourire se fait encore plus généreux, il repart avec son cheptel. On touche du bout des doigt l’hospitalité légendaire grecque, la philonexia. Le soleil se couche laissant paraître des taches orangées au milieu des nuages gris. On se sent bien ici. 😊

On fait le choix de limiter notre road trip au nord de la Grèce. En passant donc par les régions de la macédoine grecque et de la thrace. Un ouragan se balade plus au sud, et aller au Péloponnèse, la région la plus connue et la plus touristique, nous prendrait trop de temps par rapport à l’hiver qui arrive. Du fait du relief et de la silhouette de la Grèce, il est difficile de tracer tout droit. Dire que les côtes grecques sont déchiquetées, c’est un euphémisme! Cap donc sur Thessalonique, la capitale de la région macédonienne. Cette ville prend place au fond d’un renfoncement de la côte, donnant sur la mer Égée.

 

Thessalonique est très riche en histoire, à elle seule elle résume assez bien le vécu du pays. Elle est fondée du temps de la Grèce antique, au IVe avant JC par le roi macédonien Cassandre, il bâtit la ville en honneur de son épouse Thessaloniké. La conquête romaine à partir du Ier avant JC apporte prospérité à la ville. Au fil des siècles la ville rayonne grâce aux constructions monumentales des romains : palais, édifices publics, fortifications, temples, port artificiel, etc, pas de doute les romains sont dans la place!  Thessalonique bénéficie d’une très belle localisation, tant au niveau maritime qu’au niveau terrestre. La ville est en lien direct avec Le Pirée d’Athènes et Constantinople.
Au IV après JC l’empire romain fini par se scinder en deux, celui d’occident et celui d’orient. Thessalonique intègre l’empire romain d’orient appelé aussi empire byzantin, Constantinople en est la capitale.
Les siècles suivants, la ville est attaquée à plusieurs reprises par les peuples slaves, bulgares puis par les sarrasins. Les forces de l’empire étant occupé sur le front perse, la ville souffre, mais se relève. Au XVe siècle, l'empire ottoman envahi l’empire romain d’orient. La cité passe des mains romaines/byzantines aux mains turques/ottomanes. Thessalonique devient alors une ville ottomane importante. Sa position géographique étant toujours un atout, et la coexistence des religions musulmanes, orthodoxe et juive, en fait un lieu d’émulation culturelle, religieuse et économique.
Au XIXe, elle devient un centre politique majeur de l’empire ottoman, elle est le lieu de naissance des idées révolutionnaires menant à la destitution du Sultan. En 1912, les Grecs reprennent Thessalonique aux turcs/ottomans pendant la guerre des Balkans. La langue grecque y est de nouveau parlée, les mosquées sont transformées en lieux de culte orthodoxes, une grande partie des turcs fuient la ville.
En 1917, la ville subit un incendie extrêmement destructeur, son visage en sera changé à jamais. Lors de la seconde guerre mondiale, les troupes italiennes sur ordre de Mussolini tentent l’assaut de la ville. Les grecques les refoulent, Hitler étant allié de l’Italie, envoie les soldats allemands en renfort, la ville est occupée. La quasi-totalité de la communauté juive de Thessalonique est alors exterminée. Durant la guerre froide, le rideau de fer ébranle sérieusement la puissance de la ville en coupant les routes commerciales. En 1950, l’urbanisation est transformée, Thessalonique devient un centre d’affaires.
Une balade dans cette ville nous fait ressentir que c’est toujours fourmilière bouillonnante, qui a été remodelée maintes fois. Les ruines antiques sont entourées d’immeubles en béton décrépis, nous trouvons le front de mer tristement dénué de charme, les monuments historiques toujours debout sont beaux et sont le lieu de villégiature des nombreux chats de la ville. On ressent également que c’est une métropole multiethnique, l’influence turque est palpable. C’est très vivant, trop agité à notre goût, c’est l’unique ville que nous ayons visité en Grèce, après le calme et la retenue des pays baltes, la fougue méditerranéenne nous dépasse quelque peu. 😅

C’est à Thessalonique que nous avons choisi de faire la révision du camion, en effet on s’est dit que ce serait sûrement plus compliqué de la faire plus loin, en Iran ou en Inde. Accueil parfait au garage Fiat, vérification faite, rien à signaler on peut continuer notre route l’esprit tranquille. Notre trip citadin terminé nous filons sur les côtes profiter des criques et de l’eau turquoise!  Sur le bord des routes, nous remarquons beaucoup de chapelles miniatures, sorte d’ex-voto, il apparaîtrait qu’elles soient disposées pour signaler qu'à cet endroit un accident de voiture a failli avoir lieu, ou a eu lieu mais sans faire de victime. Pour remercier le ciel d'avoir eu la vie sauve, un proskynitario est installé, il comprend souvent une icône éclairée par une veilleuse... Vu la quantité de proskynitario que l’on croise, ce n’est pas très rassurant mais en même temps ça en dit long sur le comportement des automobilistes du coin…

 

Nous avons bivouaqué à plusieurs reprises autour de la baie de Thessalonique, nous avons même retrouvés des voisins d’un soir, le lendemain à un autre bivouac par hasard. C’est toujours un plaisir de rencontrer d’autres voyageurs, d’échanger sur nos expériences, nos bons plans et visiter nos maisons roulantes respectives. Même si nous sommes en voyage continu depuis des mois, il est bon parfois de s’arrêter pour se reposer, pour de vrai. Et oui la vie en van n’est pas de tout repos😅 Pour cela il faut trouver le bon spot, avoir ses réserves d’eau et de nourriture au max, et c’est parti pour quelques jours de sédentarisation. C’est ainsi que nous nous sommes installés pendant plusieurs jours sur la plage d’Epanomi. Nous avons pu prendre le temps de faire ce que l’on remettait sans cesse au lendemain, écrire le blog, les cartes postales, faire de la couture, du ménage, de la cuisine, mais aussi se prélasser au soleil, discuter avec les locaux, admirer le coucher de soleil, les coquillages, bref souffler. Même si Corentin n’a pas chômé avec sa pelle pliante pour aider les voitures venues s’aventurer sur une piste de sable et qui bien sûr se sont ensablées, 6 véhicules en tout, c’est un expert en désensablement maintenant !

 

Suite à cet arrêt nous avons mis le cap vers la Chalcidique ou Halkidiki, région en forme de "pis de vache" formée par trois péninsules à l’est de Thessalonique : ce sont les péninsules de Kassandra, Sithonia, et celle du Mont Athos. Les habitants nomment cette région "le paradis secret de la Grèce". Nous allons vite comprendre pourquoi!
Comme les grecs que nous avons croisés nous l’avait dit, la péninsule de Kassandra est couverte de grands complexes hôteliers, nous essayions d’approcher des plages, en vain elles sont désormais privatisées. Plus au sud nous trouverons des spot plus sauvages et donc accessibles, comme le cap Possidi. Nous avons aussi la chance d’être hors saison, c’est possible de trouver des coins au bord de l’eau et au calme. Etant donné les parkings et les infrastructures pas loin, on se doute qu’en plein été, c’est l’enfer! Pour l’heure on ne lasse pas de ces caps, plages, points de vue surplombants des criques, de l’eau turquoise

 

Néanmoins on constate rapidement une réalité concernant la pollution, plus le lieu est touristique plus il sera propre. Si vous cherchez une plage sauvage, vous la trouverez surement, mais vous risquez de déchanter en voyant les déchets partout sur le sol et dans l’eau. Sortir du camion avec gants et sacs poubelles pour nettoyer les alentours, c’est malheureusement devenu une de nos habitudes. Les locaux nous remercient, certains nous aident, les poubelles sont pourtant présentes partout… Ce n’est donc pas par manque de financement que les déchets ne sont pas traités, les dispositifs sont là, bacs pour le non recyclable, bacs pour de tri etc mais plutôt par manque de savoir vivre et de savoir être envers son prochain. Partout nous croiserons des personnes jetant leurs déchets en pleine nature, c’est affligeant d’assister à un tel spectacle au quotidien. De nos jours, il est impossible de dire que l’on ne connait pas l’impact environnemental d’un tel geste, les fauteurs savent très bien qu’ils polluent, et ils s’en fichent. De l’égoïsme à l’état pur. Nous précisons que ce n’est pas valable que pour la Grèce bien entendu, beaucoup d’autres pays que nous avons traversés et d’autres à venir, ont encore une énoooorme marge de progrès à faire dans le domaine du traitement de leurs déchets. Si chacun fait un peu pour préserver la planète, c’est déjà beaucoup, alors n’hésitez pas à vous armer d’un sac et de collecter les détritus. C’est toujours mieux que de ne rien faire.

  
  

Revenons-en aux nombreuses beautés de Kassandra ! De par son climat, la région regorge d’arbres fruitiers, notamment les figuiers, nous arrivons trop tard pour s’en délecter, mais pas trop tard pour les figuiers de barbarie, pas facile à manger, mais tellement bon ! On en trouve partout ! A Nea Fokea on tombe aussi sur des vestiges byzantins, des tours de garde culminent sur différentes falaises, témoignant l’établissement en 1922 de peuples réfugiés venus d’Asie mineure.

Après cette première péninsule, nous nous sommes tout naturellement dirigés vers la seconde, celle de Sithonia, réputée comme plus sauvage, on à hâte de voir ça ! Premier arrêt à la crique de Karidy. Endroit très charmant, on aura le temps de profiter de l’eau cristalline avant d’admirer le coucher du soleil. Cependant, nous ne resterons qu’une nuit sur place, le lieu est très fréquenté, on choisit de descendre la côte à la recherche d’un endroit plus calme. On fait plusieurs arrêts pour admirer les criques et évaluer des potentiels spots, parmi lesquels Orange Beach, Achlada beach, et Kriaristi beach, cette dernière, déserte, très exposée au vent en ce jour, nous a un peu surpris. Cela ressemble à un vaste projet urbanistique abandonné, il existe dans cette zone tout un réseau routier en très bon état, des trottoirs, des égouts et des fondations en béton parsemées par ci, par là, tout ça au milieu de nulle part. Étonnant ! On trouvera notre bonheur un peu plus loin, au bord de la plage de Kalamisti, spot urbain mais néanmoins calme et offrant une vue superbe sur la mer. Assez cherché pour aujourd’hui, on s’installe et on se baigne 😎 C’est ici que viendrons à notre rencontre Isabelle et Laurent du Kalife Isnowgood voyageant également en van, ce sera l’occasion de partager nos expériences et aussi un joyeux repas les pieds dans le sable. La suite de la découverte de la péninsule de Sithonia se fera sous la pluie, en passant par Porto Koufo, montrant un port naturel, puis par la ville de Neos Marmaras, sympathiquement animée par tous ses commerces et restaurants. C’est ici que s’achève notre tour de la seconde péninsule de la Chalcidique. Conclusion, oui elle est globalement plus sauvage car il y a moins de gros complexes immobiliers, cependant il y a davantage de campings, eux aussi privatisent des plages. Les criques désertes sont plus nombreuses que sur Kassandra, car la côte est plus escarpée, mais elles sont difficiles d’accès.

  

La troisième péninsule est un peu particulière, il s’agit de celle comportant la république monastique du Mont Athos. Cette république bénéficie d’un statut d’autonomie, abritant une vingtaine de monastère et près de 2000 moines orthodoxes. Tous mènent une vie retirée du monde faite de réclusion, d’introspection et de prière. La population est exclusivement masculine, toute "créature femelle" étant interdite pour des histoires de tentation et de détournement de foi…Seule exception pour les poules de par leur intérêt pour les œufs, et les chattes qui chassent les rongeurs. Toute personne souhaitant s’y rendre doit obtenir un laisser-passer délivré à Ouranopoli, et y venir par la mer. Donc, le laisser-passer, trouver un bateau et la misogynie ambiante nous ont pas du tout donné envie d’y aller, même si le site est classé Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Alors oui, le paradis secret de la Grèce vaut le détour, surtout si vous vous focalisez sur le nord du pays. Aucune crique ne ressemble à une autre, les couleurs sont superbes et on peut ressentir encore une authenticité qui tend à disparaître sur les côtes plus touristiques au sud.

Notre périple s’est poursuivi sans jamais quitter longtemps la mer des yeux, nous feront des sauts de puce sur les plages de Nautilus, Stratoni, Loutra Eleftheron. Lefpikos et Dikella. Sur cette dernière nous avons fait la rencontre de la famille Waketigo, les parents et leurs trois enfants, revenaient de Turquie et rentraient tranquillement en France. Nous avons partagé deux jours à leurs côtés, ce fut un très chouette moment.

 

En route nous partirons à la rencontre du Lion de Amphiopolis. Il s’agit des vestiges d’un tombeau funéraire à la gloire d’un général dévoué d’Alexandre le Grand, datant du IVe avant JC. En 1912, des soldats grecs en creusant sont tombés sur les fondations et des morceaux du corps du lion. Des fouilles menées par la suite ont révélées l’existence d’une base carrée de 10x10m, entourée par une colonnade, soutenant une pyramide de marches et au sommet se trouvait cette immense statue de lion en marbre. Magnifique !


La Grèce est un pays très hospitalier et les habitants sont chaleureux, beaucoup d’entre eux sont venus à notre rencontre, certains parlant français. Nous avons côtoyé beaucoup de pêcheurs, ils arrivent à la tombée de la nuit, et repartent discrètement. Nos amis d’une journée ont souvent été des chiens et des chats libres. Tous amicaux et contents d’avoir un peu d’attention et de nourriture. Nous avons toujours un stock de croquettes. Une minette nous aura particulièrement marquée, nous l’avons trouvé par hasard autour de poubelles miaulant de détresse et très amaigrie. Nous n’avions jamais vu un chat se jeter avec tant d’avidité sur de la nourriture. Nous l’avons dorloté quelques heures, et après plusieurs coups de fil à des vétos et des refuges dans l’espoir de lui trouver un foyer, nous avons aperçu une dame marchant non loin du camion. Nous sommes allés la voir avec la minette, en lui demandant si elle connaissait un organisme susceptible de pouvoir la rendre en charge. Elle a elle-même décider de la garder, nous étions très soulagés ! Les rencontres de tous type sont toujours un plaisir pour les nomades que nous sommes devenus.

Nous gardons en tête de revenir dans ce pays pour le découvrir davantage, tant il comporte de merveilles et de bonne humeur !

Notre expérience de la Grèce en quelques mots :
  • Hospitalité
  • Criques
  • Ruines antiques
  • Effervescence
  • Chats et chiens libres
  • Pêcheurs
  • Huile d’olive, coton, feta, yaourt 😜
   



Notre vidéo de la Grèce

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