Road trip aux Émirats Arabes Unis, entre buildings et désert
Tout d’abord pour situer un peu le contexte, rappelons
que nous n’avions pas du tout prévu de nous rendre aux Émirats Arabes Unis.
Après l’Iran, nous avions pour projet de traverser le Pakistan pour rejoindre
l’Inde. Or, n’ayant pas obtenu de visa pour le Pakistan à Téhéran, nous avons
dû penser à un autre itinéraire pour continuer notre route vers l’Est.
Pour
cela soit nous quittions l’Iran par le Nord, et rejoindre les pays en
"-Stan" pour contourner la Chine et rejoindre Vladivostok, tout au
bout de la Russie et de là rejoindre la Corée. Mais en plein hiver, avec les
nombreuses demandes de visas nécessaires pour traverser tous ces pays, ce
programme ne nous a pas séduit.
Une autre solution aurait été que l’un de nous
rentre en France en avion, afin de faire les demandes de visas pakistanais
depuis l’ambassade de Paris, il paraît que cela aurait pu marcher, mais c’était
trop aléatoire et coûteux.
Nous avons donc choisi de quitter l’Iran par le Sud
et en bateau. Nous avons donc embarqué sur un navire depuis Bandar-Abbas vers
les Émirats Arabes Unis.
Réveil en douceur à Sharja |
Changement aussi au niveau du
décor, nous passons d’une civilisation millénaire a un pays tout neuf dont
l’indépendance date des années 70. Notre
première étape se fait à Sharja, proche de la plage, on ressent une atmosphère
particulièrement détendue en cette fin d’après-midi, c’est plaisant de voir des
hommes, des femmes de diverses origines profiter de la fraîcheur et de l’animation
du bord de mer. La nuit tombe, les immeubles, les échafaudages et la brume
marine disparaissent pour laisser place aux illuminations de la ville, c’est
joli!
Voilà, le décor est planté, mais qu’avons-nous
fait aux Émirats?
Pour être honnête, on ne peut pas vraiment parler de road trip car nous n’avons pas beaucoup roulé. 😅 Notre parcours se résume à quelques
étapes : Sharja, Dubaï, Abou Dhabi, Al Qudra, Fujairah.
Pourquoi un
itinéraire si court?
C’est certainement dû au fait que nous ne nous sentions
pas forcément à notre place. Il y a des tas de choses à faire, mais souvent
cela est trop cher pour notre budget ou alors pas dans nos centres d’intérêts.
Dubaï
Nous sommes arrivés à Dubaï, le 30 décembre,
juste à temps pour les festivités du nouvel an. Nous décidons de passer le
réveillon sur la plage de Al Soufouh en compagnie d’autres voyageurs. Pour cela
nous devons traverser la ville en longeant la côte. C’est parti pour le
festival des buildings plus clinquants les uns que les autres au milieu de
boulevards à 6 voies et une succession d’échangeurs. Du point de vue
architectural, c’est impressionnant à voir. On remarque très vite que c’est
très esthétique, et extrêmement récent. On a le sentiment d’être dans une
fourmilière en perpétuelle construction où le désordre, la poussière et
l’improvisation n’ont pas leur place. C’est très « léché » comme
diraient certain, artificiel pour d’autres.
Nous nous sommes baladés au pied de Burj
Khalifa, la plus grande tour du monde, 840 et quelques mètres, c’est bluffant,
décadent, encore une fois beau mais pour nous, dénué de charme.
Aquarium surpeuplé du Dubaï Mall |
La marina vue de nuit |
Atlantis hotel sur la Palme |
Abou Dhabi
La capitale des Émirats, on ne savait pas trop
que ce que nous trouverions sur place, on espérait dégoter un spot où bivouaquer,
non loin d’une plage, au calme. Impossible! La ville est aussi un immense
chantier, le GPS perd la boule entre les rues qui ont disparues et celles qui
apparaissent. On pensait trouver un peu d’authenticité, on ne l’a pas trouvé ici
non plus.
Palais des Émirats |
On s’est garé plus loin dans la rue, et on a « visité »
cet hôtel. Le palace est à l’image de la réputation des Émirats, rien n’est
trop cher, ni trop luxueux : tout en marbre, dorures, cristal de Swarovski,
horloges Rolex. En fait, nous sommes venus ici en espérant voir le distributeur
de lingot d’or, basé sur le même principe qu’un distributeur de billets, mais
il a été retiré, on en ignore la raison. Dommage on aurait bien aimé retirer un
lingot. 😜
En épluchant un guide, je tombe sur un centre
culturel à visiter selon le guide. On décide de s’y rendre, espérant en
apprendre plus sur la culture locale…il s’agit en fait d’un lieu fait pour les
touristes avec une reconstitution d’une tente de bédouins, des animaux en
pleine ville, en plein cagnard, et des boutiques à souvenirs, aux oubliettes le
côté culturel!👎
La visite de la mosquée Cheik Zayed -du nom du
premier président des Émirats- est impressionnante à plus d’un titre. Tout
d’abord par l’ouvrage en lui-même, immense mosquée, toute en marbre blanc,
décorée de motifs floraux en incrustations de pierres colorées. Superbe
travail! La salle de prière principale, qui reçoit le plus grand tapis du monde et
des lustres en cristal bien entendu, est particulièrement kitsch. La visite libre
est rondement menée, il faut bien suivre les flèches, le flot des visiteurs et
rester dans les barrières. La plus belle vue de la mosquée est depuis le parc
de l’autre côté du boulevard, avec le coucher du soleil, c’est clinquant mais
c’est magnifique!
L’émirat d’Abou Dhabi comporte une île, celle
de Yas, connu par certain pour son circuit de Formule 1. Tous les mardis soir
la municipalité ouvre le circuit à tous. Nous avons emprunté sur place des
vélos et casques pour faire un tour sur le circuit, c’est assez insolite!
Beaucoup de locaux viennent ici pour faire du vélo ou courir, l’ambiance est
conviviale et familiale.
Dans le but de rallier la frontière omanaise à
Hatta, nous traversons les Émirats d’Ouest en Est jusqu’à Fujairah. On traverse
des paysages de montagnes jaune-rose, désertiques, plus on rentre dans les
terres et que l’on s’éloigne de la ville, plus on souffle. C’est fou le
contraste qu’il y a entre les villes hyper sophistiquées et artificielles et le
désert partout ailleurs, simple, dénué d’artifices, tellement reposant. On a le
sentiment qu’aux Émirats, il n’y a pas d’entre deux, de demie mesure, c’est la
ville ou le désert, tout ou rien.
Fujairah ne nous a pas marqué, on retombe sur
la côte Est du pays, bordée de grandes plages, calmes. Globalement on a qu’une
hâte : basculer en Oman.
C’est la première fois depuis le début de notre
voyage que j’écris un article sans entrain à l’idée de partager une expérience qui
aurait pu être notable. A l’évocation des Émirats, notre ECG reste plat. Nous
n’avons pas trouvé de quoi palpiter dans ce pays. C’est très personnel et
corrélé à ce que nous aimons et nos valeurs. « Il en faut pour tous les
goûts. »
Al Qudra |
Non pas que nous
n’ayons discuté avec personne, mais ce fut toujours avec des expatriés, venant
du Pakistan, d’Inde, d’Irak… Ce sont les petites mains, les travailleurs en
coulisses, sans eux, le pays ne serait rien. Nous avons appris que dans une
entreprise, un taux d’environ 60% des employés doit être émirati et les -à peu
près- 40% restant sont des émigrés.
Cependant, bien souvent la charge de travail n’est pas semblable, les
émigrés se retrouvent à faire une bonne part du travail des employés émiratis,
lesquels ont des salaires et des droits assurés dus a leur nationalité. La
détention des passeports par les employeurs n’est pas un mythe. Il y a un
rapport de force entre les émigrés et les locaux de souche. Les émigrés
viennent ici car ils gagnent bien leur vie comparativement à leur pays
d’origine, ces personnes subviennent au besoin de leurs familles à distance.
Néanmoins plus de reconnaissance pour ces émigrés, cela ajouterait
indubitablement un peu d’humanité à cette ambiance surfaite.
À Yas, au abord de la marina où nous étions garés, nous avons fait la rencontre d'une dame parlant le français. Elle nous a raconté un petit peu son histoire. Irakienne ayant fui la guerre et trouvé asile au Québec, elle est venue par la suite vivre aux Émirats où elle a rencontré son mari, qui est pilote et émiratis. Par la suite, son mari a épousé une deuxième femme. Elle sait que c'est ainsi aux Émirats, elle a été élevé dans des traditions musulmanes différentes, dans sa région en Irak, il n'y a pas de polygamie. On la sent un petit peu inconfortable face à cette situation, mais comme elle nous le fait comprendre, elle a son appartement et ses fils sont à l'abris du besoin, elle accepte cette vie aux Émirats. Nous lui avons parlé de notre voyage, des pays traversés pour venir jusqu'ici, elle fut à la fois étonnée et préoccupée vis à vis de notre sécurité. Cette rencontre nous laissait l'impression d'une rencontre pas banale, que de choix et de renoncements cette dame a du faire pour vivre en sécurité.
Ordre, luxe, calme, volupté… mmmhh celui-ci, je
ne pense pas. Mais calme, luxe et propre, oui! Les pays scandinaves et les Pays-Bas (la France n’en parlons pas) à côté, c’est crade. Pas un papier par terre, pas une feuille qui
vole, c’est effrayant l’énergie déployée pour laver toooouuutes les vitres des
buildings, tailler les buissons, arroser et entretenir les pelouses, astiquer
le marbre… « Faut qu’ça brille! »
Gazelles |
Niveau gastronomie, nous n’avons pas fait de
resto, mais simplement observés les rayons des supermarchés. N’importe où dans
le monde, c’est assez révélateur des habitudes des consommateurs du coin. Ici,
on trouve beaucoup de dattes! Cliché certes, mais véridique. Elles sont tellement bonnes! Les prix variant
du raisonnable à des prix délirants. On retrouve aussi beaucoup
de riz pour accompagner les plats. On a rarement vu des rayons de riz aussi
grand et avec autant de variétés. De même pour le lait en poudre, (oui oui!) on
a compris qu’il y a un très gros marché/kiff pour ce produit. Du lait en poudre
en sachet d’un kilo minimum à plusieurs kilos, des tas de marques et de sortes
différentes, sur tout un rayon, on se demande encore pour quel usage. A foison
aussi des paquets de pâte filo, pour la réalisation des pâtisseries orientales
et du thés et du café, toujours en très gros conditionnement. La boite de thé de
taille standard trouvable en France, ferait limite office d’échantillon.
D'un point de vue pratique
Il est facile de voyager aux Émirats, même avec son propre véhicule. Néanmoins, l'assurance du véhicule coûte assez chère. Les cartes de crédits sont acceptées partout, le pays est doté de stations services faciles d'emploi, il dispose d'une bonne infrastructure routières et internet/téléphone est facile d'accès. Sans grande surprise, on retrouve ici un style de vie très occidentalisé: supermarchés à gogo avec même des enseignes françaises, des magasins de marques connues dans le monde, tous avec des photos de mannequins aux faciès occidentaux. (Pourquoi ne pas faire des campagnes de pub avec des mannequins locaux? Même les magasins de vêtements pour bébés sont décorés de photos montrant exclusivement des enfants de types caucasiens. On ne comprend pas pourquoi, ce n'est pas représentatif de la population relativement mélangée du pays.)
Côté bivouac : Nous n'avons pas trouvé de bivouacs remarquables, selon nous
ce n’est pas le pays idéal pour le bivouac sauvage. Nous avions trouvé un super
coin, mais on nous a demandé de partir, ce n’était pas autorisé de passer la
nuit à cet endroit. Le seul bivouac que l’on retiendrait serait celui de Al
Soufouh, sur la plage, loin d’être calme
et sauvage mais comme spot urbain c’est pratique.
Les Émirats ne nous auront pas laissé
indifférents, c’est intéressant à voir, toutefois durant notre passage de 15
jours nous n’avons pas été séduit. L'image superficielle et artificielle
que nous avions en tête avant de venir est toujours dominante. Cependant, il est
surement possible de trouver quelque part des pépites d’authenticité, pour qui
a la volonté (et le budget) pour s’attarder dans le pays.
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